MRA 427 pp 16,17,18,19 - Mai 1975

Le PAM et les cacahuètes - Guy Cognet

C'est le 16 mars comme annoncé que PAM organisait son premier contours de maquettes dites « cacahuètes ». Cette compétition s'est déroulée « indoor », plus précisément à l'intérieur d'un hangar gonflable installé, à titre d'essai, sur l'ancien terrain, historique, de Buc près de Versailles. Ce hangar, en tissu plastique imperméable est maintenu en forme grâce à une pression de 35 g/cm2 distribuée par deux ventilateurs. On y accède par un sas. Ses dimensions à la base sont celles d'un carré d'environ 100 mètres de côté. Sa hauteur est d'environ 12 mètres. La forme est pseudo semi-elliptique pour offrir le moins de prise possible au vent. Donc, lieu idéal sans armature, sans courant d'air, pour que les cacahuètes puissent s'ébattre en toute quiétude. Grand merci aux propriétaires : la S.E.E.E. (Société Européenne d'Etudes et d'Essais d'Environnement). C'est Philippe Lepage qui avait eu l'idée de cette rencontre. C'est lui, qui en assura l'organisation. Précisons que nos amis eu MACNSE avaient organisé le 10 novembre 1974 à Fayence une compétition identique, mais à l'extérieur (voir MRA n° 423). Il va de soi que le climat de la région parisienne ne permet pas une telle fantaisie, les cacahuètes n'aimant pas particulièrement le vent. 45 modèles étaient présents sur la Côte d'Azur, 46 le furent à Buc. Il s'agit donc bien d'un succès, car le mouvement ne fait que démarrer. C'est une catégorie qui doit intéresser un très grand nombre de modélistes car, s'il ne s'agit pas de maquettes parfaitement exactes, il s'agit de " quelque chose " qui ressemble au " vrai " et qui permet des vols très intéressants si le réalisateur veut bien rechercher toutes les conditions favorables.

Un jury composé de trois membres experts : J. Morisset, S. Szwaalen et Galichet attribuait les points de présentation suivant l'exactitude, la réalisation, la décoration, les modifications apportées, etc. Ces points, amalgamés savamment avec les secondes de vol déterminent le classement. Chaque appareil doit effectuer 4 vols dont un avec décollage. Les 3 meilleurs sont retenus.

Le Jury : J. Morisset, S. Zwalhen et Galichet examinent le Cessna 1909 de Pham Duy - Peanut Scale

Disons tout de suite que ces deux compétitions, comme il fallait s'y attendre, ont permis de constater que les cacahuètes indoor et outdoor ne se ressemblent pas. La technique qui s'applique aux modèles d'intérieur, quels qu'ils soient, appelés à évo-luer par calme plat, répond aux critères suivants : plus grande légèreté = faible vitesse de vol = faible couple moteur = long déroulement = longue durée. Bien entendu, il ne s'agit pas là, comme en indoor FAI de réaliser des vols de 35 minutes, mais le principe de base est valable. J'avais le très grand plaisir de présenter en proxy les modèles, SE-5A de Giauffret classé 1er à Fayence et le Waterman de Pouliquen classé second. Leur poids était respectivement de 17 et 15 g. Impossible « indoor » de passer les 20 sec. Il est vrai que j'ai pris ces modèles en main le matin du concours et que le réglage n'était pas adapté, principalement le centrage. Par contre, des modèles beaucoup plus légers ont réalisé des performances acceptables de l'ordre de 30 sec., la palme revenant au triplan Sopwith de Lepage, avec 40 sec., mais ce modèle était traité en indoor papier avec seulement un recouvrement à l'extrados.

Bien entendu, les points de présentation s'en ressentent. Il y a donc un compromis à trouver, mais je pense qu'il est possible de rester raisonnablement dans les 10 g pour bon nombre de modélistes, cette catégorie restant ainsi « populaire ». Ce qu'il faut à tout prix, c'est éviter que des petits « rigolos », en utilisant un balsa spécial indoor compétition de 2, 3 ou 4/10" réalisent des modèles ultra-légers, mais cependant correctement réalisés capables de passer largement la minute. Nous tomberions là dans l'excès et je pense qu'il est souhaitable de fixer d'ores et déjà un poids cellule que j'estime à 10 g et un poids caoutchouc que j'estime à 3 g. (C'est une opinion toute personnelle !)Bien entendu, il faut traiter ces appareils comme de véritables avions à moteur caoutchouc. De la bonne gomme (Pirelli coupé à la largeur adéquate), hélice adaptée, roue libre et arrêt moteur corrects, paliers sans jeu, fixation arrière correcte avec possibilité de calage du stabilo (étambot ajusté) etc, etc. Pour le remontage, je pense que le modéliste doit être indépendant. Un support spécial, fixé à une table de camping facilitera bien les choses, une « chignole » spéciale à base de pignons d'horlogerie et d'un rapport de 10 environ sera bien utile, un tube amovible d'environ 10 mm de diamètre extérieur et 2/10° d'épaisseur évitera les dégâts causés par l'éclatement d'un " écheveau ". Il faudra prévoir l'adaptation de ce tube à la construction, etc, etc. Le problème est vaste aussi bien dans le choix des appareils que dans celui de la réalisation. Je pense également qu'il ne faut pas utiliser n'importe quel profil. Nous travaillons à un très faible nombre de Reynolds du fait des cordes minimes, des profils minces et légèrement creux seront donc les bienvenus.Nous avons eu l'occasion de voir ce jour-là d'excellentes réalisations. Je ne cite personne de peur d'en oublier. Taxis de l'époque héroïque, de l'entre deux guerres, de la dernière guerre, tout est réalisable en cacahuète, mais certains ont des qualités de vol particulièrement aptes. Je cite par exemple parce qu'il me vient à l'esprit, le Peyret-Taupin que l'ami Fillon a passé dans le M.R.A. n° 423 et dont plusieurs exemplaires figuraient.

Eric Veau (Escadrille Saint Michel) et son Peyret Taupin - Peanut Scale

Nul doute qu'il trouvera dans ses archives d'autres taxis à vous proposer... faisons-lui confiance ! Avant de passer en revue les lauréats, constatons donc la pleine réussite du mouvement « cacahuète » et souhaitons que d'autres clubs collent à la roue, que ce soit indoor ou outdoor. Il est absolument nécessaire, dans les régions où le vol libre devient de plus en plus problématique faute de terrains, d'accrocher le plus d'amateurs possible en créant des catégories neuves... Je vous précise d'ailleurs qu'un simple gymnase, assez vaste malgré tout, peut très bien convenir. Une hauteur de 8 à 10 m semble suffisante ; de toute façon, tout le monde sera logé à la même enseigne et la puissance motrice devra être adaptée à la hauteur de la salle. C'est exactement ce qui se fait en microfilm FAI où des catégories ont été créées en fonction des hauteurs sous plafond.

Le vainqueur est André Meritte qui a mis, une fois de plus, en évidence ses qualités de constructeur, de fignoleur et de « régleur ». Son magnifique biplan orange, un AVIA-BA 122 comportait de nombreux détails dont un moteur en étoile réalisé en balsa. Le poids total était de 15 g dont 2 g de caoutchouc (3 X 0,8 Pirelli sur 260 mm de long, remontage 900 t.) Vols réguliers d'une trentaine de secondes. Très grande stabilité. Centrage au 1/3 avant. Hélice personnelle à pales montées sur tube alu, d'ou possibilité de variation du pas. Vraie roue libre avec arrêt moteur sérieux. En un mot, de la qualité, du goût, du soin. L'ami André compte d'ailleurs refaire ce modèle en balsa spécial ce qui lui permettra de gagner plusieurs grammes... et nous savons que chaque gramme gagné représente pas loin de 10 sec. ! Bien entendu, la technque du biplan (et encore plus celle du triplan) s'avère très intéressante dans le cas d'une envergure limitée car elle permet d'augmenter la surface (la traînée aussi d'ailleurs !) ; cette remarque étant valable à condition de rester dans les poids raisonnables cités plus haut.

Le vainqueur André Méritte et son biplan Avia 122 - Peanut Scale

Le second est Pham Duy avec un magnifique monoplan Cessna de l'époque héroïque. Poids de cellule que beaucoup trouveront incroyable 3,9 g. Une véritable oeuvre d'art. Ce sympathique modéliste classe également son Pilatus Turbo. Porter en troisième position. Il s'agit donc là d'une valeur très sûre que nous reverrons avec un très grand plaisir. Nul doute que s'il s'attaquait au microfilm il obtiendrait de bons résultats.

Pham Duy avec son Pilatus - Peanut Scale

Nous trouvons ensuite Ambroso avec un Peyret-Taupin aux qualités de vol tout indiquées pour ce genre de modèles. Nous avons eu dans les années 30 de nombreuses avionnettes très intéressantes, il faut y penser. En cinquième position, le Niçois Giauffret déjà signalé dont le SE5A, très bien réalisé, ne se trouve néanmoins qu'en huitième position pour ce qui est de la présentation, ceci pour que vous puissiez juger de la valeur des meilleurs. Je pense que le SE5A, réalisé à 8 ou 10 g avec une bonne hélice est très valable.

Dupin et son biplan Andreasson - Peanut Scale

Le sixième est Templier avec un Nesmith « Cougar », très sérieusement allégé puisqu'il ne pesait que 12 g (boîte Peck-Polymers de Mod'Air) de même que le SE-5A.

Templier avec son Nesmith Cougar expérimental - Peanut Scale

Je tenais à signaler le septième, Cartigny, avec un magnifique FW 190 D camouflé, comme quoi les taxis de la dernière guerre peuvent aussi être intéressants. Malheureusement, les qualités de vol sont moins adaptées.

A signaler également le Mirage F1 de " l'ancien " Claude Weber avec hélice propulsive... et ça volait !

Le premier en présentation est Pelletier avec un splendide Fokker de 1915. Tout y était, y compris le moteur rotatif et le capot en alu " bouchonné " … c'est de l'Art. Malheureusement, le vol laissait à désirer et je pense qu'il ne faut pas dévier du problème. Un juste milieu entre la présentation et le vol doit être trouvé... et le règlement sera modifié en conséquence l'an prochain.

Plan 3 vues (emprunté à Aviation Magazine) du Leduc RL 21 que présentait Bernard Baron, ancien vainqueur de la Coupe des Maquettes du M.R.A. en 1958 - Peanut Scale

Comme déjà dit, le vol le plus long a été effectué par Philippe Lepage avec son triplan Sopwith, réalisé entièrement dans le but de la durée. Poids cellule 4 g + 3 g moteur. Nous trouvons donc avec Pelletier et Lepage, les deux extrêmes. Il faut se placer entre les deux comme l'a si bien fait Méritte. Précisons, et ceci est très important, que 12 cadets étaient présents. Deux seulement ont volé mais il s'agit là d'une catégorie difficile, il faut persévérer. De nombreux prix ont récompensé les lauréats.
1 coupe-challenge au premier du classe. ment général.
1 médaille aux trois premiers.
1 coupe pour la meilleure présentation.
1 coupe pour le meilleur vol.
1 coupe Cadet.
Ainsi que de nombreuses boîtes offertes par Mod'Air.

En conclusion : plein succès de ce " ballon d'essai " lancé par le PAM. Cette compétition sera désormais annuelle. Nous espérons que d'autres clubs suivront. Le PAM compte organiser en novembre un second concours mais à l'intérieur de Paris de façon à toucher le plus de spectateurs possible... ceci à seule fin de sauvegarder l'Aéromodélisme dans la région parisienne, celui-ci étant malade faute de terrain.

Guy COGNET (PAM).

Landeau prépare son Piper - Peanut Scale

Renald Pasquier et le triplan Fokker - Peanut Scale

Arnaud Mingasson et le Farman 231 - Peanut Scale

Bernard Baron présentait un Leduc RL 21 (plan ci-après) - Peanut Scale

Pierre Pelletier et son monoplan Fokker à moteur rotatif, poids complet 12 gr - Peanut Scale

Gérard Porcher présentait un remarquable Pou du Ciel HM 293 - Peanut Scale

Claude Weber et trois de ses modèles : le POtez 60 qu'il tient, le B.B. Nieuport et le Mirage F1 - Peanut Scale

Jacques Cartigny et son Dornier DO 335 bi hélices - Peanut Scale

Andreasson BA-4B de Nikitenko - Peanut Scale

Jean-Pierre Templier et son Andreasson BA-4B - Peanut Scale

Georges Bulot et son Stitts Skeet de 8 gr - Peanut Scale

Guy Cognet