MRA 429 p11 à 14 - Juillet Aout 1975- Maurice Bayet

HEMIPTERE de M. Pierre Mauboussin en cacahuète

Devant le succès mérité du concours, de modèles formule "cacahuète" que le P.A.M. a organisé le 16 mars et dont on a lu, (M.R.A. 427), le compte rendu par Guy Cognet. Nous pensons être utiles aux amateurs de la formule en leur proposant aujourd'hui une maquette volante rigoureusement exacte de l'appareil qui doit répondre à leur désir, à savoir un modèle présentant le maximum de surface portante avec une longueur suffisante pour le caoutchouc et simple à construire, sans mât ni détails extérieurs. Dans le M.R.A. n° 421, Emmanuel Fillon a donné les plans (toujours en formule cacahuète) du tandem Taupin et on en a vu plusieurs exemplaires volant très bien au concours du PAM. Sur ce Sica "Taupin", le moteur flat-twin, les mâts et le train d'atterrissage pouvaient paraître un peu compliqués à réaliser à si petite échelle. Rien de tout cela sur l'Hémiptère. Cet appareil est aussi un genre tandem, c'est-à-dire un double monoplan ; il a été construit en 1936 au moment où l'aviation légère a vu naître en France plusieurs appareils très intéressants.

L'Hémiptère comporte une voilure avant inférieure encastrée sous le fuselage et une aile arrière surélevée posée directement sur le fuselage. Le tout sans le moindre hauban ; le train d'atterrissage comportait 2 roues fixées sous l'aile avant par une simple fourche et une béquille arrière avec sabot ; 2 dérives sont placées de part et d'autre à l'extrémité de l'aile arrière.

Les caractéristiques du vrai étaient envergure avant 7 m et arrière 4m 34, surface avant 8 m2 et arrière 4 m² 80, longueur totale 5 m 30, hauteur totale 2 m, voie du train 1 m 74, poids vide 230 kg et en charge 350 kg, moteur Train 4 cylindres en ligne inversé de 40 CV donnant une vitesse maximum de 161 Km/h, de croisière 135, d'atterrissage de 45 avec un plafond pratique de 3800 m et une autonomie de 4 heures soit un rayon d'action de 540 Km environ. Ajoutons que la charge au m² était seulement de 27 kg. Le tableau de bord, très simple, comportait 3 cadrans dont un central important qui groupait plusieurs indicateurs.

Construction de la maquette

Avant tout, nous tenons à préciser que les sections de balsa et épaisseurs figurant sur le plan grandeur d'exécution des pages 12 et 13 de ce numéro tiennent compte des bois que l'on peut trouver actuellement dans le commerce car les plus faibles sections de baguettes sont de 2 X 2, voire même 3 X 3 et l'épaisseur des planches 10/10e. Les modélistes qui possèdent encore des sections ou épaisseurs inférieures pourront diminuer celles indiquées sur le plan, et les minutieux pourront poncer pour diminuer les épaisseurs actuelles afin de gagner un peu de poids.

Fuselage

Nous conseillons des longerons en 2 X 2, chaque flanc sera monté à plat sur le plan et les entretoises seront collées (2 X 2) ; ou notera un décrochement pour le passage de l'aile : le longeron inférieur sera coupé à cet endroit et recollé au-dessus du passage de l'aile, comme indiqué ; lorsque les deux côtés seront secs, on les disposera sur la vue de dessus à l'envers la partie horizontale à plat sur le plan et à l'aide d'épingles et d'élastiques minces on maintiendra les flancs verticalement pour coller les entretoises horizontales ; le fuselage "carré" une fois sec, sera retourné pour coller les petits faux couples arrondis sur le dessus. On peut entre le plastron avant et le premier cadre renforcer les flancs soit par des entretoises en 2 X 2, soit en les recouvrant de balsa 5/10° (si l'on en a) ; ces renforts étant collés entre les montants verticaux afin de ne pas faire saillie ; avec du 5/10°, on pourra recouvrir tout le dessus des faux couples. La béquille comporte un montant vertical et 2 inclinés formant fourche qui s'appuient sur les longerons inférieurs, 2 petits blocs de balsa formeront "bouchon", un à l'arrière profilé s'encastrera dans le cadre arrière et sera traversé par le crochet en c-à-p 10/10e ou 8/10e et recevra le caoutchouc ; de même à l'avant, le plastron en balsa évidé intérieurement sera traversé par le crochet du caoutchouc.

L'aile

L'aile inférieure (avant) calée à 1° aura un longeron en 3 X 3, un bord d'attaque en 2 X 2 en losange et une bande de 10/10° sur 5 mm de large servira de bord de fuite. Ou doublera le longeron entre les deux points d'appui du train d'atterrissage afin d'y fixer la c-à-p de 10/10e qui recevra la roue ; la c-à-p est coudée à angle droit en haut pour être collée contre le longeron de renfort. Les nervures seront en 10 ou 15/10e ; elles sont au nombre de 10, toutes semblables, plus 2 (N 5) d'extrémité. Le longeron sera taillé en biseau entre N5 et le bout de l'aile et on collera sur la partie relevée (vue de face) un arrondi en balsa 10/10° évidé.

Des renforts triangulaires en balsa 10/10 sont collés entre le longeron et les nervures d'emplanture comme renfort car l'aile est d'une seule pièce, de même que l'aile arrière.

L'Hémiptère en "Cacahuète".
Ci dessous, le train est seulement "piqué" dans le longeron d'aile et maintenu par un scotch.

L'aile supérieure (arrière) calée à 1° 1/2 a toutes ses nervures pareilles, au nombre de 9 elles sont en 10/10e, bord d'attaque en 2 X 2, ainsi que le longeron et b.d.f. comme l'aile avant ; renfort également entre le longeron et les nervures d'emplanture ; enfin, les dérives sont collées à chaque extrémité de l'aile arrière contre les nervures marginales. Elles sont en balsa de 15/10° profilées par ponçage. Le recouvrement complet de l'appareil est en papier Japon fin. Les deux ailes sont maintenues par des élastiques. Pour l'aile avant, les élastiques s'accrochent sur 2 petites baguettes rondes, de préférence en peuplier, poncées à 2 mm de section qui traversent le fuselage et sont collées sur le longeron qui est décalé pour le passage de l'aile. Pour l'aile arrière, une baguette ronde est collée sous le longeron supérieur du fuselage contre le haut du dernier cadre arrière, et les élastiques s'accrochent sur un petit crochet en c-à-p 8/10e piqué dans le bloc arrière, Sur le plastron avant sont figurées les entrées d'’air, sur les dérives l'insigne de Mauboussin et sur les ailes, les emplacements des ailerons en pointillé pour ceux qui veulent approcher la vérité au maximum. Ajoutons une immatriculation sur les côtés du fuselage : F-AOYZ. Couleur blanche, bord d'attaque rouge.

Poids de ce "prototype" : 12 g.

Un bon modéliste (ancien), Roger Morin avait réalisé en 1946 un maquette Volante voir page suivante), à moteur caoutchouc, de l'Hémiptère à l'échelle d’'environ 1/8,1. Envergure AV 0,86 m ; AR : 0,53 m. Longueur : 0,615 m; Surface : 20,45 dm2. Poids, sans caoutchouc: 230 g. Si des modélistes sont intéressés par cet appareil ils peuvent le dessiner facilement en multipliant par 2,6 les dimensions de la version "Cacahuète" des pages 12 et 13 de ce numéro.

Pour terminer, nous avions écrit à M. Pierre Mauhoussin, créateur de tant d'avions très intéressants pour lui demander s'il pouvait compléter notre documentation sur son Hémiptère et nous le remercions de sa lettre dont nous publions un extrait page 14 dans l'intérêt de nos lecteurs en souhaitant qu'ils réalisent des Hémiptères à différentes échelles pour le vol libre à caoutchouc, motorisés et aussi radiocommandés : l'appareil en vaut la peine.
Maurice Bayet

Extrait d'une lettre de M. Mauboussin

A l'époque de votre fondation je consacrais quelques loisirs au mouvement modéliste avec Michel Wibault entre autres. Quant à l'Hémiptère qui peu avant la guerre faisait ses essais avec Brevier je devrai répondre de mémoire car les plans de construction n'existent plus. Idée directrice : réaliser un appareil de pilotage très facile et sûr. Des essais très complets en soufflerie sur l'interaction des deux ailes en tandem avaient montré qu'une voilure arrière convenablement placée par rapport à l'aile avant, avait une polaire avantageusement influencée avec un cx minimum plus faible et un cz croissant régulièrement avec l'incidence et sans tendance au décrochage d'où l'idée de faire participer cette voilure à l'équilibre et à la maniabilité tant en profondeur, qu'en transversal. Les deux voilures étaient munies d'ailerons agissant différentiellement en profondeur et conjointement en transversal. Le profil de l'aile AV était à CMO nul et ses ailerons à fente. Le profil AR était un symétrique. Les dérives et gouvernes de direction étaient placées aux extrémités de l'aile AR afin d'être pleinement efficaces aux grands angles. Le centre de gravité était plus en arrière que la normale afin de faire participer l'aile AR à la portance soit à 35 %, 38 % de la corde de l'aile AV. Un jeune breveté pilote, mon cousin, Roger Bardin, avait fait ses premières armes sur le prototype sans problème. L'Hémiptère avait participé aux 12 heures d'Angers. L'approche de la guerre puis le repli à Aire-sur-Adour (1) ont mis fin à la carrière de cet appareil, il était blanc avec lettres, inscriptions et bandes rouge vif.
Croyez, cher M. Bayet, en mon meilleur souvenir,
P. Mauboussin.

(1) Où furent construits les fameux "Fouga" dessinés par M. Mauboussin.

Tableau de bord et modèle de Roger Morin.