MRA 423 p11, 14, 15, - Juillet Aout 1974 - Peyret Taupin - Emmanuel Fillon

Le Peyret Taupin - maquette taille cacahuète

Qu'est-ce que les cacahuètes : des petites maquettes pas très exactes mais bien sympathiques ? C'est croyez-moi bien plus que cela. Ces minuscules demandant peu de place, peu de matériaux et peu de temps permettent à tous, même les plus jeunes, les moins fortunés et les plus petitement logés de faire du modèle réduit. Certes vous ne serez pas pris au sérieux comme avec un multi télécommandé de 4 mètres d'envergure. Avec ces petits avions de 12 gr pas pris au sérieux non plus par la maréchaussée. C'est en toute liberté, même sans licence, sans assurance, sans tracasserie administrative que vous pourrez voler où bon vous semble ; sur la plage, sur un stade, dans un gymnase, partout. Le cacahuète c'est un jouet et les faire voler devient un jeu, ce qui tend malheureusement à se perdre dans certaines formes du modélisme. Bien sûr il est des fanas où des fadas comme vous voudrez, qui vont s'emparer de la formule et en faire des monstres de perfection. Pourtant ces minuscules dans leur simplicité peuvent devenir une forme active de la propagande aéronautique ; dans les Clap, Lycées, Collèges et Centres de loisirs éducatifs.

LE PEYRET TAUPIN

Cet appareil n'est pas un inconnu des fidèles lecteurs du M.R.A., le plan à l'échelle 1/12,5 fut présenté dans le N° 70 d'avril 1944 et M.R.A. en édite toujours le plan. (envergure 0 m 672). Le Taupin est un avion léger d'une puissance de 35 CV. Comportant deux ailes en tandem. Il était construit par la société française de construction aéronautiques « S.F.C.A. » sous licence Peyret. Il dérive directement du planeur Peyret qui per-mit au regretté Maneyrol de battre le record du monde de vol à voile à Vauville en 1922. Il existait également une version biplace avec moteur Régnier de 60 CV, dont les dimensions sont à peu près semblables, mais de maître couple plus important, les deux places étant côte à côte. Cette formule peu chargée au mètre carré ignore la perte de vitesse. Il est centré à 85 % de l'aile avant. L'éloignement des deux ailes par rapport au centre de gravité ne permet pas à la résultante des poussées de passer en arrière de celui-ci d'où l'abattée impossible. La commande simultanée et différentielle des ailerons, des ailes avant et arrière permet d'agir en gauchissement et en profondeur, empêchant la mise en vrille au virage et assurant la descente parachutale à plat.

Caractéristiques :
Envergure avant : 8 m 40
Envergure arrière : 6 m 50
Longueur : 5 m 84
Surface portante : 20 m2
Poids total : 315 kgs
Charge au m2 : 16 kgs
Puissance : 30.35 CV
Vitesse maximum : 110 km/h
Vitesse minimum : 30 km/h.
Autonomie : 4 h.
Photos du F-AZBG

La réalisation en maquette cacahuète demande peu de matières, mais celles-ci doivent être choisies avec soin. Les baguettes de balsa de très faible sections ont le plus souvent souffert dans le stokage. Il est préférable de les tailler soi-même à partir d'une planche d'épaisseur voulue, à l'aide d'une règle d'acier et d'une lame coupant bien. Ceci vous permettra de sélectionner avec précision la dureté du balsa et de trancher des baguettes bien de fil et aux cotes désirées.

Construction : Les deux flancs du fuselage seront réunis posés à l'envers, cette partie du fuselage formant une base de référence plan. Après pose des faux couples triangulaires, pose de l'arête supérieure, fixer également le crochet béquille, les jambes du train d'atterrissage, le couple plastron avant et la cale d'incidence de l'aile avant. Les ailes avant et arrière sont construites par moitiées à plat sur chantier ; incliner la nervure d'emplanture à l'aide de la cale prévue. Assembler également les éléments de la dérive. Après recouvrement au papier japon fin (voir plus loin décoration) de chaque élément séparé.

Enduisage à l'enduit de tension dilué à 50 % d'acétone. Séchage et assemblage. Assembler les demi ailes en calant le dièdre suivant la cote indiquée. Coller au fuselage l'aile avant et l'aile arrière, ensuite la dérive. On peut après centrage procéder à la mise au point en vol, par vent nul tel quel. Après résultats satisfaisants ajouter tous les détails fragiles ; contrefiches du train d'atterrissage, haubans et contrefiches des ailes, moteur factice, tableau de bord, déflecteur transparent. Prendre soin de ne pas changer le centrage. Utiliser une hélice légère en plastique d'un diamètre de 100 à 125 mm. Ou taillez-la vous-même en balsa d'un pas de 1,5. Le moteur caoutchouc sera suivant la section utilisée, formé d'une simple ou double boucle. Pensez avant tout qu'il ne s'agit pas d'un chasseur à réaction, le vol doit être lent et le couple de renversement faible pour éviter l'engagement en spirale. Pour la décoration attention au poids supplémentaire que risque d'apporter toute couche de peinture, en utiliser que très peu et bien diluée.

On peut très bien décorer la feuille de papier japon avant la pose, à l'aide de crayons couleur feutre ou à pointe fibre plus fine. Pour les détails précis commencez par tracer les contours à l'encre de chine et procédez au remplissage des couleurs, la feuille posée sur un papier buvard qui absorbera le surplus de teinte et évitera que celle-ci ne file et dépasse le trait d'encre. Si après décoration le papier présentait des plis et froissures, repassez-le soigneusement avec un fer tiède et ensuite vous pourrez procéder au recouvrement des structures.

Couleurs : Moteur aluminium (peinture fluide). Lettres d'immatriculation blanches sur un bandeau rouge de chaque côté du fuselage et sous l'aile avant.

Dessous des deux ailes, haubans et jambes de train rouge.

Dessus des ailes, dérive et autres parties du fuselage jaune clair.

Lettres noires (encre de chine) sur la dérive. Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter bonne réalisation, bons vols et amusez-vous bien.

E. FILLON.

Premier concours en France de cacahuètes (Peanut Scale)

Organisé par le Modèle Air Club de Nice le 10 Novembre 1974 à Fayence

Jacques Pouliquen et son Waterman Peanut Scale

S'il y a un renouveau d'intérêt des modélistes français pour les maquettes volantes cela est dû en grande partie aux modélistes de RC et de VCC, car les compétitions de maquettes volantes, dans les catégories de vol libre, sont plutôt rares… et seul le M.R.A., depuis ds lustres, organise de tels concours dont le dernier eut lieu à Guyancourt, le 29 septembre 1968.

La franche amitié de Bill Warner (spécialiste enthousiaste de la maquette, bien connu des lecteurs du M.R.A.) pour les modélistes niçois, une correspondance suivie de Pouliquen avec lui et ses amis Hannan et Peck, l'intérêt de plus en plus certain des modélistes de la région pour les maquettes on t décidé le M.A.C.N.S.E. de renouer avec une ancienne tradition du club et de réorganiser des concours de vol libre de maquettes volantes.

Ce concours étant un peu un ballon d'essai, c'est la nouvelle, mais intéressante catégorie des "cacahuètes" (Peanut Scale), maquettes à moteur caoutchouc de moins de 33 cm d'envergure qui a été choisie et c'est encore avec l'aide et les conseils d'un modéliste passionné et plein d'expérience, Emmanuel Fillon, qu'un règlement assez simple fut élaboré, consistant en deux systèmes de cotations :

1° Pour le statique, sur un total de 60 points au maximum, par un jury composé de 3 membres, pour a) le choix du modèle : monoplan, biplan, aile basse, multimoteurs, etc. b) les difficultés de construction : moteur apparent, haubans, etc. c) la décoration, la finition.

La maquette classée première au statique obtenant un point, la seconde deux points, etc.

2° Pour les vols, quatre vols de une minute au maximum, dont seuls les trois meilleurs sont retenus pour le classement.

La maquette classée première aux vols obtenant un point, la seconde deux points, etc. Le classement général se faisant par addition des points du statique et des points de vol, le concurrent dont la maquette atteint la somme de points la plus basse étant déclaré vainqueur.

C'est avec un peu d'appréhension que les organisateurs attendirent l'arrivée des engagements, d'ailleurs fortement perturbée par les récentes grèves des P. et T. Plusieurs maquettes nous furent envoyées des U.S.A. mais, hélas, seul le Renard R 17 de Walt Mooney (pilote d'avion et de planeur, grand consommateur de cacahuètes) arriva à temps, les autres maquettes, celles de Werner, Hannan, Stroman, etc... sont restées bloquées quelque part (?)

Les membres du Clap de Roquebrune-sur-Argens ne purent se déplacer pour des raisons de santé de leur conducteur, les « spécialistes» peanuts de Brignoles n'étant pas venus, c'est malgré tout, dépassant toutes nos espérances, qu'un nombre de 45 maquettes furent inscrites le jour du concours..

Ce fut un jour sans vent, idéal pour ce genre de maquettes et si les temps de vol sont relativement faibles, c'est dû un peu au manque de préparation des concurrents, mais aussi à la recherche de la bonne section de l'écheveau de caoutchouc : deux brins de 3 X 1, soit 6 mm2 de section, donnent un moteur de puissance trop élevée dans presque tous les cas, par contre deux brins de 1 X 1, soit 2 mm2 de section, moteur trop faible, la bonne section semblant être de 4 mm2, avec une longueur d'écheveau d'une fois et demie la longueur entre crochets pour des maquettes pesant environ dix grammes.

Le Renard R 17 de Walt Mooney (U.S.A.). Notez les cylindres apparents, les roues à rayons, l'aile sans dièdre à profil biconvexe.

La maquette la plus remarquée fut sans conteste celle de Walt Mooney, avec son moteur en étoile, ses roues à rayons et surtout son aile sans dièdre à profil convexe (et pourtant cela vole très bien), présentée en proxy par Jacques Laruelle. Parmi les Marseillais, venus en force, l'on notait deux belles maquettes de Christian Frugoli : un Druine Turbulent et surtout un Nesmith Cougar d'une belle couleur verte avec un moteur aux cylindres apparents, le Piper Cub de Chapuis, le Kunkadlo de Montarperto, encore un Renard R 17, celui de Porzio, etc. Le choix courageux de Jean Francis Frugoli avec un Kellner Béchereau dont l'entoilage lui a donné quelques soucis...

Triplan Sopwith de Philippe Lepage. (classe Cacahuète).

Le niçois Giauffret, avec son SE-5A, semble avoir trouvé un bon compromis : une maquette qui rapporte des points de présentation et qui a des qualités de vol. Remarquées aussi les belles finitions de l'Andreasson de Giudici et du Pietenpol de Rouquier (qui a été offert à Giollito, spécialiste du CH, lors de la Coupe d'Hiver de Turin, le 24 novembre 1974), les belles qualités de vol de l'Andreasson de Lemaitre, de l'A.A.C. Vaucluse, etc., etc.

Le gagnant : le SE 5 A de D. Giauffret (MACNSE).

Nous avons eu l'impression que chacun était satisfait de cette journée passée dans une très bonne ambiance. Un grand coup de chapeau aux membres du jury composé de Fillon, de M. Blaizot et de Claude Convert, qui pendant plusieurs heures ont additionné des chiffres. Merci également à Mmes Fillon, Frugoli, Porzio, Mlle Japhet et à toutes celles qui nous ont aidés par leur chronométrage et leur aide efficace pour le bon déroulement de ce concours, sans oublier Mme Pouliquen qui s'est démenée avec les chiffres du tableau d'affichage. Un apéritif fut servi, sur le terrain, accompagné, comme il se devait, de cacahuètes... de nombreuses coupes et médailles ainsi que des boîtes de construc-tion de peanuts récompensèrent les meil-leurs alors qu'un souvenir de cette « première » (un cendrier de céramique fait par des modélistes niçois et cannois) était distribué à tous les participants. Le M.A.C.N.S.E. remettra « ça » au printemps, avec en plus une catégorie maquettes volantes à moteur caoutchouc, envergure au-dessus de 0,35 m. A nos planches de construc-tion...
Le M.A.C.N.S.E.
N.B. Reportage photographique de Jackie Laruelle.

Les concurrents ont le sourire