MRA 419 p7, 14, 15, 16 - Juillet Aout 1974 - Farman 231 - Jacques Pouliquen

Les "Cacahuètes"

Trois photos du même appareil : l'Evans Volksplane, dont le plan grandeur a été publié en encart du MRA n°411 de novembre 1973, pour vol libre ou R/C. Les amateurs de "cacahuètes" ont utilisé le plan 3 vues de cet avion (page 18 du MRA cité) en le doublant.

Les deux photos du haut représentent le modèle de M. J. Pouliquen (photo Robert Couil),

et celle du bas cellui de M. François Rapin, de Bourges.

A Fayence, les concours de vol libre du M.A.C.N.S.E. se terminent, lorsque le temps est calme, par des vols de "Cacahuètes"...

Cacahuètes (Peanuts)

Le Farman 231... Un modèle intéressant pour les vacances d'une catégorie encore peu connue en France...

En vol : la maquette, à l'échelle Cacahuète, du Farman 231.

1 - L'un n'empêche pas l'autre

Il est certains modélistes pour lesquels s'écarter des principales catégories de la « sacro-sainte » compétition, serait déchoir et pourtant nombre de catégories « non officialisées » sont très intéressantes, ne serait-ce qu'à titre de défoulement. On a vu, parmi les meilleurs d'entre nous, des modélistes tels que Mathérat, Wantzenriether, Cognet et bien d'autres s'intéresser au planeur lancé main dont il y a quelques années le PAM organisait des concours couplés avec les « jetex », si peu pratiqués. Il y eu aussi les fameux articles (M.R.A., année 1948) de D'Huc Dresler, (pilote de voltige), sur les « Minuscules », qui ont passionné bien des modélistes. Et maintenant, sans pour cela arriver à un « perfectionnisme » tel que nous, l'on montré certains maquettistes de RC, que j'admire pour la beauté de leurs réalisations, il est possible, entre deux vols de CH ou de Nordiques, de faire voler des petites maquettes beaucoup plus simples, les fameuses Cacahuètes.

2 - Origine.

D'après notre ami Bill Warner, à qui nous devons tous ces renseignements (Merci, Bill), ce nom doit provenir de leur petite taille, comme une cacahuète et aussi du proverbe américain « Bet you can't eat just one » (je vous parie que vous n'en mangerez pas qu'une seule), le plaisir d'avoir construit une « cacahuète » vous donne l'envie d'en faire d'autres. C'est un peu aussi un souvenir des années 1920-1930 où plusieurs marques telles que Dallaire, Megow, Cornet,... ont vendu des boîtes de construction de maquettes de petites tailles, souvent moins de 30 cm et que bien des modélistes de cette époque en ont construit des centaines ! On commençait à employer le mot de cacahuète en 1966-67, mais maintenant le nom est très répandu, la catégorie est solidement établie avec de très nombreux adeptes. Cette catégorie a été instaurée grâce aux efforts de Ralph Kuenz (Von Rottensocks !) de Detroit, du Flying Aces Club de Connecticut, avec l'aide des « Flightmasters » de Los Angeles, club de Bill Warner (dont il en a été le président il y a quelques années).

3 - Règlement

a) Moins de 33 centimètres d'envergure.
b) 3 vols officiels, lancé à la main, tout vol de plus de 5 secondes est officiel.
c) Microfilm non autorisé. Pénalité de — 10 points pour utilisation de papier d'entoilage dit de « condensateur ».
d) Tout balsa ou partiellement tout balsa — 5 points.
e) Construction classique (nervures, longerons, etc...) avec entoilage + 5 pts.
f) Effort raisonnable pour respecter la couleur de l'avion réel + 3.
g) Détails : 1) presque rien — 3 ; 2) peu 0 ; 3) bien + 3 ; 4) formidable + 6.
h) Immatriculation, numéros, insignes, etc... + 3.
i) Les avions avec train escamotable peuvent être construits avec train repré-senté dans la position escamotée (?).

On totalise les temps des 3 vols en secondes plus les points de présentation pour un meilleur total. Mais en fait ce règlement n'est peut-être pas tellement utilisé. Le choix du règlement et des cotations est laissé au libre arbitre de l'organisateur du concours.

Trop de règlement peut entraîner une défection de concurrents et comme le but des cacahuètes est surtout de s'amuser, il faut être assez indulgent. Une autre méthode est celle préconisée par Walt Mooney — pilote d'avion, vélivole et grand consommateur de cacahuètes : le classement est fait sur les temps de vol comme un concours classique, ensuite les maquettes sont alignées devant les « juges » qui donnent par exemple 1 pt à la meilleure, 2 pts à la seconde, etc... le concurrent avec le score le plus bas remporte la cacahuète d'honneur. Par exemple, 1er pour les vols et pour la présentation soit deux points, ou bien 2° pour les vols et 4° pour la présentation, soit 6 points. Le gagnant est celui qui a le moins de points. Il peut y avoir des ex æquo, il est décidé avant le concours quel sera le moyen de départage : vols, fidélité à l'échelle, etc... ou tout simplement par tirage au sort, mais en général, on donne la palme à la meilleure maquette suivant la décision des juges.

4 - Le Farman 231.

Cet avion a été décrit dans le M.R.A. de juillet-août 1973. Simple, sans haubans, ni roues à rayons ou cylindres apparents, il est facile à réaliser pour un premier essai. Il se prête très bien à une construction tout balsa, sans entoilage pour ressembler à l'original qui était entièrement construit en contreplaqué. Le dièdre et le bras de levier sont à l'échelle, l'empennage et la dérive agrandis, tolérance acceptée pour les cacahuètes.

5. - Construction.

Tout balsa, en 10/10°, une planche suffit largement. A titre indicatif, une planche de 1,00 x 0,10 m doit peser entre 8 et 10 grammes. Finement poncée, on découpe l'aile, les empennages, les flancs du fuselage, couples, etc... l'assemblage se fait sans problème. Le dessus du fuselage peut être taillé dans une planche de 1 cm d'épaisseur découpée suivant la vue en plan du fuselage, arrondie en forme et évidée par l'intérieur au moyen de gouges (on trouve dans le commerce MR des pochettes contenant une douzaine de petites gouges, très pratique pour une somme modique). Si l'on préfère une construction par couples et planche, il faut, pour avoir une surface développable construire les flancs du fuselage suivant une ligne droite du bord de fuite de l'aile à la dérive. Les roues ont été faites suivant la méthode de Fillon (voir M.R.A. fév. 72) avec du polystirène choc (pots de yaourts, par exemple). Pour le collage utiliser de la colle pour maquette plastique ou tout simplement du « trichlo » en vente dans les drogueries. Elles peuvent aussi être simplement faites en balsa. De toutes façons, essayez de construire léger, ce n'est pas une noix de coco !

6 - Décoration.

L'avion est entièrement rouge, avec lettres et emblèmes blancs. Les lettres sont des lettres transfert blanches (réf. letter-press 2236, hauteur 10 mm), les « F » de dérive et les canards ont été découpés dans une chute de décalcomanie. La couleur rouge est donnée comme suit : dans de l'enduit nitro bien dilué, ajouter quelques gouttes, suivant le ton de la teinte désirée, de « couleur liquide tous supports Iris » de la marque Paillard que l'on trouve facilement dans toutes les papeteries un peu importantes. Passé au pistolet, ce mélange donne d'excellents résultats, au pinceau c'est un peu plus délicat. De toutes façons, c'est très léger et ce procédé a été aussi employé pour décorer des appareils de vols libres et des lancés main. Terminer en ajoutant deux petits saute-vents en rodhoïd, le tableau de bord en bristol et une bande couleur alu sur l'aile.

7 - Vols..

Ainsi finie, la maquette pèse entre 7 et 9 grammes avec hélice, et sans caoutchouc. L'hélice est presque toujours une hélice en plastique du commerce, il y a le choix (Williams, Kaysun, Sleek Streek, etc.). Les vrais mordus peuvent « se la tailler » dans un morceau de balsa. Pour les vols d'intérieurs (gymnase, hall d'exposition, le CNIT pour les Parisiens, les veinards !) une boucle de caoutchouc de 2 x 1 doit suffire. Pour les vols à l'extérieur, essayez du 2 x 2 ou du 3 x 1. Vous pouvez bricoler un petit système de roue libre, cela rappellera des souvenirs aux anciens, et méfiez-vous des... ascendances.

J. POULIQUEN.

Le Farman 231 réalisé en « Cacahuète » par J. Pouliquen. (CI. Comera-Folco)