MRA 440 p.8,9 - juillet 1976 - René Jossien

Secrets sur les cacahuètes

CHOIX DE L'APPAREIL

Parmi les plans déjà existants, figurent de bons modèles que le débutant en aéromodélisme, et même le modéliste averti, a intérêt de choisir, ne serait-ce que pour la facilité de suivre un plan étudié par des spécialistes de la formule Cacahuète.

Dans le choix des sections, en particulier, on évitera des erreurs. Dans la généralité des cas, les constructions sont étudiées avec des sections très minces, et il ne serait pas inutile, pour un débutant, de remplacer, par exemple, un 1,5 X 1,5 balsa par un 2 x 2, si le bois est tendre. Disons cependant que le choix du bois, dans les boîtes de construction des Cacahuètes, est généralement correct.

Pour les modélistes plus habiles ou ayant déjà construit plusieurs Peanuts (nom anglais de nos petites maquettes), il leur est possible de dessiner leur plan eux-mêmes, et c'est alors le choix de l'avion qui sera le point de départ.

Trois buts peuvent guider le choix.

Le partisan du bel appareil, de forme parfois compliquée et dont la décoration aura une bonne place dans la finition, choisira la maquette visant surtout le classement au statique. Il faut, ne l'oublions pas, que le modèle vole au moins 3 fois 5 secondes pour 6tre classé; Il ne faut donc pas négliger complètement les possibllités de vol.

Le partisan de ce type de modèles trouvera surtout des appareils intéressants dans les avions de l'époque MroTque des débuts de l'aviation, car les ailes coteilles, les haubannages multiples, les roues à rayons et les moteurs apparents représentent des qualités visuelles aptes à captiver les jurys les plus froids.

UNE MAQUETTE... VOLANTE

Le partisan acharné du classement vol de durée, choisira un appareil dont les caractéristiques sont essentiellement destinées à faire de la durée. La recherche portera donc sur la grande surface (biplan, triplan), très grande même, lignes sobres et absence ou réduction des trainées parasites (train d'atterrissage simple, pas de hauban, fuselage rectangulaire, etc...). La décoration sera absente pour gagner le plus possible sur le poids. La construction sera très légère, et même négligée (entoilage d'une seule face de l'aile, l'extrados).

Troisième but recherché, le modéliste désirant bien figurer au classement général, dont dépend à la fois une bonne place au "Statique" et une bonne place en durée de vols.

Ce choix intermédiaire amènera à la recherche du modèle aux qualités de vol très honnêtes, dont la construction sera la plus légère, mais en tenant compte du jugement pour la présentation. On recherchera le modèle joli, parfois un peu compliqué, que l'on décorera avec goût pour obtenir le plus de points possible aux épreuves statiques.

Ce modéliste ne sera peut-être pas celui qui volera le plus longtemps, ni celui qui sera le vainqueur du classement statique, mais la bonne place qu'il aura obtenue aux deux classements, le placera vainqueur au "général".

Une observation: les juges sont souvent favorablement influencés par le biplan, qui semble une difficulté, alors que, mis à part la réalisation du deuxième plan, il présente l'avantage d'une grande surface, favorable au vol. Dans le même ordre d'idée, une cabine toute vitrée, ne "jette pas de jus", mais représente une grande difficulté à réaliser. Pour ces raisons, Il serait souhaitable que le juge qui attribue la cote "originalité du choix", ait déjà construit des Cacahuètes afin d'en mieux connaître la valeur des points à attribuer.

UN PLAN BIEN CHOISI

En fonction de sa destination finale, le plan de construction sera choisi avec plus ou moins de recherche.

Le Modéliste seulement intéressé à s'amuser, prendra la boîte ou le plan qui lui aura tapé dans l'oeœil ou dont la construction lui aura semblé plus facile.

Le modéliste" maquettiste ", celui qui porte toute sa ferveur sur la fidèle reproduction ou sur la belle ouvrage, portera son choix sur le côté détails précis, décoration élaborée et finition minutieuse du modèle.

Le constructeur habile désirant également obtenir de beaux vols, devra. lui, être plus perspicace dans son choix et plus difficile dans les caractéristiques du modèle à construire. Je pense surtout à celui qui veut bien voler, c'est-à-dire essayer de faire des durées de vol, en salle, de plus de 30 secondes. Le bon taxi ne suffit pas, évidemment, et il y aura toujours le gars qui fait 50" avec le même type de Cacahuète qui ne donne que 25" entre les mains d'un autre !...

Les priorités pour ce choix: la surface de l'aile (ou des ailes), le stabilisateur (mais là les tolérances permises donnent toujours satisfaction si on agrandit un peu le stabilo chétif) et le bras de levier arrière (se fier surtout de la distance entre le 1/4 avant de l'aile et le 1/4 avant du stabilisateur, car un appareil aux fortes cordes d'aile et de stabilo peut sembler manquer de bras de levier, alors qu'il n'en est rien).

DE BONNES PROPORTIONS

Là, il faut mesurer et calculer. Et garder précieusement ces chiffres, car ils serviront pour le calcul de la position du bon centrage, que nous traiterons plus loin. La surface d'aile doit être, au minimum, de 1,7 - dm2, ce qui donne une corde moyenne d'au moins 50 mm. Choisir plus petit conduit à construire très léger, ce qui n'est pas à la portée de tout le monde. Notre but étant de viser un poids raisonnable d'une dizaine de grammes (pour vol d'intérieur; car en extérieur, 14 à 15 grammes donnent des appareils plus stables et plus domptables), il faut donc s'assurer la portance d'une aile d'au moins 1,7 dm2. Si vous trouvez 1,8 dm2, c'est mieux, et 1,9 c'est parfait. Pour le stabilisateur, une surface d'au moins 0,4 dm2 est nécessaire, sinon notre appareil devrait "s'asseoir" sur le petit stabilo, et le vol ne serait plus correct. Si nous avons 0,5 dm2, tant mieux, et un peu plus 0,6 dm2, c'est parfait. Plus de surface n'est pas une garantie de succès : attendons qu'un tandem gagne l'épreuve vol avant d'être convaincu de l'avantage de la formule. Le bras de levier de l'empennage contribue bien à la stabilité d'un modèle, tant pour l'assiette du vol (stabilité longitudinale) que pour la stabilité directionnelle (virage et roulis).

Le Huntington de J.Laruelle (M.A.C.N.S.E.). - J.F. Frugoli nous présente son Kellner-Bechereau.

Ce bras de levier (rappelons qu'il sera mesuré du 1/4 de la corde moyenne de l'aile, au 1/4 de la corde moyenne du stabilo) devra être au minimum de 130 mm. Certains avions en possèdent un de 160 mm 'et mAme plus, mais alors gare ! Car si la construction arrière n'est pas très légère, ou si le moteur caoutchouc est tenu trop arrière, lors du centrage, Il faudra compenser ce couple (poids x BL) par du plomb à mettre au nez du modèle, d'où l'augmentation du poids total.

Le nez court sera à éviter, toujours à cause du centrage qu'II faut absolument respecter, et un nez court compromet cet équilibre, par la nécessité de lester à l'avant. Il sera toléré, de l'ordre de 30 mm (distance de la butée d'Mlice au bord d'attaque de l'aile), pour les avions anciens où la corde d'aile est souvent large et où la nécessité de figurer le moteur rotatif ou en étoile oblige à mettre le poids de ces décorations à l'avant. Pour les moteurs en ligne, nez plus lonq, de 40 mm au moins.

Côté aspect du modèle, nous conseillons l'usage de l'aile haute pour les débutants. Ensuite, Ils pourront faire leur choix sans trop s'occuper de ce détail. Une constatation, les ailes basses volent correctement en Cacahuètes, à condition d'avoir une quinzaine de mm de dièdre, et je ne serais pas étonné que cette formule permette de mieux régler les appareils, sous faible plafond.

LES BONS PROFILS D'AILE

Si le modéliste dessine lui-même son plan de Cacahuète, ou bien veut personnaliser le plan acheté. Il sera tenté de chatouiller le profil de l'aile (attention aux faux pas). La sagesse conseille l'usage de profils plan-convexe, comme c'est le cas sur de nombreux plans commerciaux. Pour les monoplans, un profil du genre P2 (figure 1) est recommandable avec une épaisseur de 10 à 12 % de la corde, la partie de l'extrados, la plus haute, se situant à 40 % de l'avant du profil. Voir aussi profils GOT. 426 (13 %) et N 60 (12 %) ; coordonnées sur MRA n° 158.

En biplan, afin de réduire un peu la trainée, on adoptera le même profil, mais un peu plus mince (épaisseur 7 à 10 %). Les haubans, réunissant les deux plans, compensant la perte de rigidité due à la moindre épaisseur des profils (figure 1 - P1). Voir profil NACA 4309 (épaisseur 9 %), MRA n° 158.

Pour gagner un peu de portance, on peut adapter un profil creux sur l'intrados, sans augmenter le cambré de l'extrados. Le dessin P3 (figure 1) semble correct à condition de ne pas creuser le profil de plus de 2 mm. Voir aussi profil Eiffel 400 (13 %) sur MRA 155.

Pour les avions, époque historique, dont les profils étalent très minces, la plus grande largeur de la corde permettra de se rapprocher de la forme P4 (figure 1) sans trop risquer la déformation de la voilure. Ne, pas dépasser 10 % de la corde, comme cambrure de l'extrados et s'assurer au moins 5, plutôt 6 % d'épaisseur de profil.

Au stabilisateur, beaucoup de modélistes et presque tous les plans ont opté pour la planche ou le profil plat (Intrados et extrados) avec nez arrondi et bord de fuite parfois aminci, le plus souvent sur le dessus (P5). C'est probablement la meilleure solution, mais dans ce domaine, nous manquons d'essais différents. Jossien, sur son Lénlngradec, a un profil plan convexe au stabllo, mals il fut étonné de devoir le caler très négativement pour voler (- 3° 30'); cela n'est-il donc pas un désavantage, un .. plan.. aurait peut-6tre été calé à - 0" 30 seulement. Nous attendons, sur ce point particulier, les essais d'autres modélistes ayant opté pour un plan-convexe au stabilo afin qu'ils nous donnent leurs impressions: leurs lettres sont attendues avec impatience, pour le profit de tous.

La dérive est, elle aussi, de construction plane. Un mince profil plan convexe ou dissymétrique ne réduirait-il pas quelques déformations, tout en accentuant le virage choisi? Point à revoir également.

Et comme dit notre ami Dubuc, .. C'est chouette, les Cacahuètes ! LE SAINT (A suivre).